GIR et APA en Gironde : comprendre l’évaluation de la dépendance étape par étape

Vous cherchez à accompagner un proche ? Le point de départ, c’est l’évaluation GIR

Vous êtes peut-être en pleine réflexion : votre mère ne peut plus s’habiller seule, ou votre père a besoin d’aide pour les repas et la toilette. Vous avez entendu parler de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie). Mais très vite, une question-clé arrive : comment va être évalué son niveau de dépendance ? S’il ne “rentre pas dans les cases”, aura-t-il droit à l’APA ?

Dans cet article, nous allons passer en revue : le principe du “GIR”, qui fait le diagnostic de la dépendance, comment se déroule l’évaluation en Gironde, et surtout comment s’y préparer concrètement. L’objectif : que le rendez-vous avec l’équipe médico-sociale ne soit plus une source de stress, mais une étape comprise et utile.

Le GIR, un outil national… mais une procédure locale en Gironde

Le “GIR”, c’est le Groupe Iso-Ressources. Il sert à classer le niveau de perte d’autonomie des personnes âgées (à partir de 60 ans), partout en France, selon une grille officielle appelée AGGIR (Autonomie Gérontologique – Groupes Iso-Ressources).

En Gironde, comme partout, c’est le Conseil Départemental (la “Maison du Département”, ou anciennement Conseil Général) qui gère l’attribution de l’APA. Mais la manière dont se passe l’évaluation peut parfois varier – dans les délais, dans le déroulé de l’entretien, ou dans le lien avec les structures locales.

Petit rappel important : l’APA n’est accessible qu’aux personnes évaluées en GIR 1 à 4. Si votre parent est classé GIR 5 ou 6, on considère qu’il est “autonome”, même s’il peut avoir besoin d’un coup de main ponctuel.

Quelles sont les activités évaluées ? Zoom sur la grille AGGIR

La grille AGGIR est très concrète : elle liste 17 activités du quotidien, mais, pour l’attribution du GIR, seules 10 d’entre elles sont dites “discriminantes” – c’est-à-dire qu’elles servent vraiment à calculer le degré d’autonomie. Il s’agit, par exemple :

• Se laver
• S’habiller
• Aller aux toilettes
• Se déplacer à l’intérieur du logement
• Faire sa toilette seul
• S’alimenter
• Communiquer oralement et/ou par écrit
• S’orienter dans le temps et dans l’espace
• Contrôler ses éliminations (continence)
• Éventuellement, alerter en cas de problème

L’équipe d’évaluation observe ou interroge la personne sur ces points, mais aussi sur d’autres activités plus “instrumentales” (gestion du budget, préparation des repas, ménage…). Mais c’est le noyau des 10 “actes essentiels” qui compte vraiment pour le calcul final du GIR.

Toutes les réponses se font selon trois modalités : la personne accomplit l’acte seule, partiellement ou totalement avec aide, ou pas du tout. Les membres de l’équipe évaluent aussi si l’aide apportée est “verbale” (un rappel), “physique” (aide manuelle), ou “totale”.

Pour avoir une idée précise de cette grille, consultez le site solidarites-sante.gouv.fr.

Comment se passe l’évaluation en Gironde : étape par étape

Sur le terrain, l’évaluation est menée par une équipe médico-sociale mandatée par le Département : infirmière, assistante sociale, ergothérapeute, parfois médecin coordonnateur.

1. La demande : Commencez par contacter le Département de la Gironde via la Maison Départementale de la Solidarité ou le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de votre commune. Il faut remplir un dossier APA (papier ou en ligne), joindre les justificatifs d’identité, de domicile et les éventuels certificats médicaux.
2. L’instruction du dossier : Après réception, le Département vérifie la complétude du dossier. Selon le retour d’expérience, le délai d’examen varie de 2 à 6 semaines en Gironde (Source : gironde.fr). Plus les documents sont complets, plus c’est rapide.
3. La visite à domicile : L’équipe médico-sociale prend rendez-vous (par téléphone ou courrier). Le rendez-vous dure en général de 1h à 1h30. La présence d’un proche aidant est vivement recommandée : il pourra apporter des précisions sur le quotidien, lever d’éventuels “non-dits”, aider à objectiver les difficultés.
4. L’évaluation : Lors de la visite, l’équipe complète la grille AGGIR en posant des questions, en observant les déplacements, l’état du domicile, l’organisation au quotidien. Les aidants sont invités à signaler les chutes, les troubles du sommeil, la confusion passagère, même si le parent ne souhaite pas toujours en parler.
5. Le classement en GIR : À l’issue de l’évaluation, mais souvent après réunion d’équipe, la personne est classée dans un des 6 GIR. La notification écrite arrive ensuite à domicile.
6. L’élaboration du plan d’aide : Si le GIR retenu est entre 1 et 4, un “plan d’aide APA” est proposé rapidement : nombre d’heures d’aide à domicile, aides techniques, portage de repas, solutions temporaires.
7. Possibilité de recours : En cas de désaccord, il est possible de demander une ré-évaluation : écrire au Département, joindre des certificats, ou solliciter son médecin traitant. Ne pas hésiter à faire valoir des éléments nouveaux (chute récente, aggravation…).

En Gironde, de nombreux retours montrent que l’équipe prend le temps, écoute beaucoup les aidants, et effectue l’évaluation avec bienveillance. Mais, comme partout, il faut insister sur ce qui a changé depuis quelque temps, sans minimiser.

À quoi correspond chaque GIR ? Quels profils ?

Source : Service-public.fr

Quelques chiffres : l’APA et le GIR en Gironde

• 21 % des Girondins de plus de 75 ans perçoivent l’APA (chiffre Département Gironde, 2022), soit près de 35 000 bénéficiaires.
• Délai moyen d’instruction : le Conseil Départemental vise un délai de moins de 2 mois entre la demande et l’attribution.
• Répartition : en Gironde, 48 % des bénéficiaires sont classés GIR 4, 35 % en GIR 3, 12 % en GIR 2 et 5 % en GIR 1 (source Rapport d’activité Département 2023).
• Taux de plans d’aide adaptés : dans 8 cas sur 10, les familles estiment que l’évaluation rend bien compte des besoins concrets (enquête Conseil Départemental 2021).

Comment bien préparer la visite d’évaluation ? Conseils concrets

Souvent, il est tentant de “ranger” la maison, de balayer les difficultés pour ne pas “déranger”. Pourtant, ce rendez-vous est l’occasion de montrer la réalité, même si elle n’est pas toujours facile à exprimer.

Pistes pour se préparer :

• Faire le point à l’avance sur les difficultés : tomber, s’évanouir, “oublier le gaz”, problèmes d’équilibre, confusion nocturne, peur de rester seul…
• Consigner sur un carnet les chutes, incidents, périodes de désorientation (le jour de l’évaluation, on oublie souvent)
• Si l’aidant est très sollicité, préparer une lettre simple à remettre à l’équipe (“j’aide pour la toilette, la cuisine, je suis appelée la nuit…”)
• Présenter éventuellement les ordonnances, bilans médicaux récents, attestations d’hospitalisation
• Exprimer aussi l’épuisement de l’aidant, qui compte dans la décision du plan d’aide (source : association France Alzheimer Gironde, 2022)

Il n’y a pas de “bonne réponse” : l’important, c’est la sincérité. L’équipe d’évaluation n’est ni là pour juger ni pour “espionner”, mais bien pour adapter au mieux les aides possibles.

Liens pratiques et accompagnements locaux en Gironde

• Conseil Départemental – Service de l’APA Gironde : 05 56 99 33 33 – Informations, dossiers, suivi.
• Pôle Seniors de la mairie ou CCAS : premier interlocuteur pour une demande APA sur son territoire (cliquez pour trouver le CLIC le plus proche)
• France Alzheimer 33 : pour l’accompagnement des aidants (groupes de parole, soutien juridique)
• Association “Avec nos aidants” : Relais d’information, temps de répit, formations gratuites à Mérignac et Bordeaux (tél : 07 81 75 27 88)
• MDPH Gironde (Maison Départementale des Personnes Handicapées) : pour les situations mixtes autonomie/handicap (site gironde.fr)

Enfin, si un doute persiste sur le classement GIR ou sur l’adaptation du plan d’aide, il n’est jamais inutile de (re)faire appel à l’assistante sociale de secteur ou à un CLIC (Centre Local d’Information et de Coordination), qui connaît la réalité du terrain et peut parfois proposer des solutions complémentaires.

L’essentiel : ne pas rester seul face aux démarches. Les dispositifs existent pour que l’accompagnement vers l’APA en Gironde soit avant tout une étape de soutien, et pas seulement une question de cases à cocher.